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La prière, partie 5

Voici une dernière série d’attributs de Dieu.
Il est puissant et riche, prompt à donner son aide et généreux. Il se soucie de l’homme, il l’estime et il l’aime. C’est vers cet aspect de Dieu qu’est dirigé ce mouvement de prière : la prière de demande et l’action de grâce.
Dieu est esprit, c’est un Dieu vivant. Il est le Créateur et l’inépuisable, proche et bon. Il ne se contente pas de jouir de sa propre richesse, Il la partage. Il est l’infiniment généreux qui ne s’appauvrit jamais et n’est jamais déçu car Il ne dépend pas de ce qu’on pourrait lui donner en retour. Il donne en créant. La révélation nous dit qu’il aime l’homme et qu’il s’intéresse à lui. La révélation est remplie de cet amour de Dieu tout au long de l’écriture sainte et Jésus est rempli de cet amour.  Cet amour est digne de Dieu et de l’homme en tant que personne. C’est pour cela que Dieu respecte l’homme, l’ayant voulu personne digne et responsable, Il se comporte comme il convient vis à vis d’une personne.

La prière de demande

C’est à ce Dieu que s’adresse la prière de demande. Elle jaillit parce qu’elle correspond à la nature de Dieu et à la vérité de l’homme. Un enfant dans le besoin se tourne vers sa mère. De même l’homme tourne son cœur vers Dieu. Pour recevoir notre pain quotidien, c’est à dire tout ce dont nous avons besoin pour vivre, nous nous tournons vers Lui. Quand les disciples se tournent vers Jésus pour qu’Il leur apprenne à prier, Il leur donne le Notre Père qui est une prière de demande complète. Nous devons tout demander, ce qui est nécessaire à notre vie mais aussi la force pour notre travail, le secours dans la détresse spirituelle, le courage dans le combat moral, la connaissance de la vérité, notre croissance dans l’amour et dans le bien. Notre vie est fonction de Dieu, tout ce que nous faisons vient de Dieu et doit aller vers Dieu. La prière de demande est plus qu’un appel au secours. C’est l’expression d’une réalité : l’homme n’existe que par Dieu et il tient tout de Lui : force, liberté, vie, destin. La prière de demande ne doit pas oublier le prochain. Il est beau d’exposer dans la prière tous ceux que l’on aime, d’exposer à Dieu leurs difficultés, leurs besoins particuliers et leurs désirs. C’est devant ce Dieu que nous portons les grands intérêts de notre communauté : les décisions de l’Histoire, les besoins de la nation, les misères du temps. Chacun est responsable des misères du monde.
Parfois, on remet tout en question. Par exemple, dans une grande détresse, on a prié et on a le sentiment de ne pas avoir été exaucé, de plus, en s’endurcissant avec le temps, l’homme apprend à se contenter de ce qu’il peut atteindre . C’est le découragement. Or, il est nécessaire que la foi soit plus forte que le sentiment. Il faut prier l’amour de Dieu même quand le cœur trouve que cela n’a pas de sens. L’homme s’apercevra alors qu’il a été exaucé mais d’une manière tout autre que celle à laquelle il avait pensé.
Certaines personnes vivent des choses où tout semble toujours tourner mal. Il y a un besoin d’amour humain qui ne semble plus exister. Tant que cet amour lui manque, l’homme doit s’en tenir à la foi qui lui dit que Dieu l’aime.
Quand Dieu nous paraît lointain, il faut se dire que Dieu est réel et s’accrocher à cela.  Sa réalité est d’une nature tellement élevée.
On peut aussi avoir l’impression que Dieu est faible face au monde.  Or, la vie de chacun est liée aux conditions extérieures, aux capacités intérieures et au passé. Il faut se rendre compte que si l’expérience compte une part de vérité, celle-ci n’est que limitée. La réalité reste dans la main de Dieu, Dieu aime l’homme et veut entrer en accord avec son cœur et sa volonté. La liberté de l’homme devient le point de départ d’une transformation du monde. Comme souvent, on a l’impression que c’est le matériel qui domine, je dois faire un effort pour me plonger dans la réalité éternelle et infinie de Dieu et me rendre compte que tout n’existe et ne subsiste que par lui et devant lui.. Le point où Dieu applique son action est le cœur de l’homme, sa volonté et son amour vivants.
L’orgueil peut lui aussi fermer les portes à la demande. L’homme trop fier ne veut pas prier. Or la fierté est un endurcissement qui détruit tout. Nous vivons de la grâce de Dieu et la vérité aussi bien que l’humilité consistent à le reconnaître et à agir en conséquence.
La prière de demande est de tous les temps. Elle n’est pas seulement du temps de la détresse.  Elle est un appel constant à la puissance créatrice et à la grâce sanctifiante. C’est pour cela qu’elle implique tout le temps : « non pas selon ma volonté mais selon la vôtre ». La plus grande part de notre vie appartient au secret de Dieu. Notre prière doit tenir compte de cela. Il nous faut accepter ce que Dieu juge bon.
Dans toute demande, il y a la volonté de celui qui la fait. Pas seulement la bonne  mais aussi la mauvais sous forme d’égoïsme qui considère notre existence comme le centre du monde. Il faut accepter que notre demande soit soumise au jugement de Dieu. Elle peut être écartée ou modifiée par Lui. La demande des demandes c’est : que votre volonté soit faite.
La prière de demande ne s’adresse pas qu’à la justice et à l’ordre mais surtout à l’amour de Dieu  vivant. L’amour est liberté. Cette prière n’a rien d’autre à faire valoir que la détresse, le besoin, l’appel pour que l’amour de Dieu agisse et crée, sans autre cause que lui-même. Que votre volonté soit faite et non la mienne signifie en définitive : que votre amour agisse.

La reconnaissance

Sitôt exaucée, la demande se mue en reconnaissance qui jaillit spontanément du cœur. Par elle, l’homme répond aux dons de Dieu. Cela doit se faire en tout temps et pas seulement quand une prière a été exaucée. Cela consiste à reconnaître que tout ce que nous sommes et tout ce que nous possédons vient de Dieu. On l’admet et on le remercie. L’exemple des dix lépreux nous montre combien il est grave d’oublier  la reconnaissance. L’univers doit son origine à al liberté de Dieu et cette liberté est amour, c’est pourquoi elle peut avoir comme réponse la reconnaissance. Remercier Dieu d’avoir créé le monde est un acte grand et conforme à la vérité et à la réalité .
Il ne va pas de soi que nous existons. Et il ne va pas de soi que les autres hommes existent. Les relations humaines découlent de rencontres. Ou de la vie (parents enfants). L’homme auquel nous sommes lié nous est donné. Pour cela aussi nous devons être reconnaissants.
En ce qui concerne les événements, aucun n’échappe aux lois de la nature et de l’esprit. Mais ces lois ne sont qu’un instrument dans la main de la liberté créatrice de Dieu et l’expression de la fidélité de son acte créateur. Tout ce qui arrive est un don ainsi peut-on et doit-on rendre grâce pour toute chose. 
La reconnaissance s’exprime ainsi : Je vous remercie mon Dieu, de ce que je subsiste par vous. Je vous remercie de pouvoir connaître grâce à votre lumière, agir par votre force, être sanctifié par votre amour. C’est dans cette perspective que nos relations avec les hommes, avec les choses, les évènements prennent leur véritable sens. Les uns et les autres se présentent à moi non seulement comme partie de l’univers auquel moi aussi j’appartiens, mais comme les messagers et le formes de l’amour agissant de Dieu.
Il existe une forme divine de cette reconnaissance. Nous avons commencé à l’aborder en parlant de la louange. C’est rendre grâce à Dieu .
Le matin, quand on se réveille frais et dispos, c’est le moment idéal pour rendre grâce à Dieu. Je vous remercie de ce que je respire et ce que je suis. Je vous remercie pour tout ce que j’ai et ce qui m’entoure. Après avoir mangé, on peut dire, je vous remercie pour ce repas que j’ai goûté et qui est un don de vous. Et le soir, on peut dire : si j’ai vécu, travaillé, etc aujourd’hui, c’est grâce à vous, au don de vous Pour cela, je vous remercie.
Nous devons remercier pour la foi. Pour ce qui est caché et sacré entre Dieu et nous. Nous devons remercier, même si cela est difficile, pour tout ce qui nous arrive, même si c’est amer et dur. Car c’est figure et messager de la grâce. Portée par la foi, la gratitude peut transformer toute difficulté.

La Sainte Trinité et la prière

La relation entre Jésus et son Père n’est pas la même qu’entre le Père et chacun d’entre nous. Le Christ a bien vis à vis du Père une attitude d’obéissance mais ce n’est pas celle des créatures face au Créateur. Son obéissance est de plain-pied avec le commandement du Père. L’une et l’autre sont de nature divine. Devant la face du Père, il y a la face du Fils, toutes deux divines. Mais il y a aussi une troisième face, celle de l’Esprit Saint que Jésus annonce pour la Pentecôte.
Dieu, Unique et Un, solitaire dans sa seigneurie inaccessible, possède la communion à l’intérieur de Lui-même. C’est cela qui constitue la révélation suprême qui est contenue dans les mots Dieu vivant et Dieu riche. Dieu est fécond. le mystère de la naissance s’accomplit en lui. De toute éternité Dieu est Père et il est Fils (héritier de la vie). Comme Père, Dieu donne au Fils la plénitude de sa vie et de son être propres. Mais celui-ci ne s’en va pas pour devenir un Dieu autonome. Il demeure dans l’unité vivante, il se retourne vers le Père, dans l’amour. Il est sur le sein du Père comme le dit le Prologue de Saint Jean. La pleine liberté du Fils se réalise dans que son autonomie ne brise l’unité divine grâce à l’intervention d’une force sainte qui a son tour est quelqu’un et a un nom : le Saint Esprit. Le Saint Esprit est l’amour qui lie le Père et le Fils.
La révélation s’est accomplie en nous dévoilant ce mystère de Dieu ; la rédemption signifie que l’homme est introduit dans ce mystère. Le Fils éternel, le Logos, est entré dans le monde est devenu chair et il a partagé notre existence. Par là même, il nous a fait entrer dans la sienne. Il nous a enseigné le mystère de la nouvelles naissance : l’homme qui possède déjà sa première vie doit être introduit dans les profondeurs du sein de Dieu et y naître à une nouvelle existence. L’homme ira au Père comme son Fils, non par sa nature mais par la grâce. Et cela s’accomplit dans la force de l’Esprit Saint qui veut être son ami et son soutien. La prière du chrétien est la communion avec Dieu.

 La prière à Jésus Christ

C’est le Christ qui ouvre l’accès au Dieu trinitaire. Il est la porte comme Il l’a dit Lui-même. L’adaptation sacrée que doit accomplir la prière pour devenir chrétienne commence lorsque celle-ci s’établit dans un rapport correct envers le Christ devenu notre frère. Prier le Christ signifie entrer dans une relation où nous regardons sa face, l’apprendre et l’accomplir. Prier le Christ ne signifie pas essentiellement adorer et demander son aide. La véritable prière au Christ est celle qui réalise la relation dans laquelle Il nous fait entrer. Nous demandons au Christ qu’Il nous donne son amour et nous accoutumons notre cœur à entrer dans cet amour tellement différent de ce que notre nature appelle amour. Nous entrons dans l’acte rédempteur du Christ et nous lui demandons de nous représenter devant son Père.  Dans la prière qu’il adresse au Christ, l’homme cherche la face du Fils qui est devenu homme pour nous et il le fait avec confiance, parce que le Christ n’est pas simplement un personnage de l’histoire qui a jadis et n’a laissé derrière Lui d’autre traces que ses œuvres et ses actions. Le Christ est vivant, Il a existé, il existe encore et Il existera éternellement.
Saint Paul revient constamment sur cette présence mystérieuse du Christ non pas au dessus ou à côté de nous mais en nous. A sa résurrection il est redevenu homme au sens plein mais cette humanité a été transformée, spiritualisée, divinisée. Il est soustrait aux limites de l’espace, du temps, des choses et Il est capable de pénétrer jusqu’au secret réservé de l’âme humaine, sans en blesser la dignité. Le Christ vit dans celui qui a la foi et celui-ci vit en Lui. Croire, c’est être convaincu et pénétré de cette relation. Prier le Christ, c’est la réaliser par la prière. Par l’Eucharistie, le Christ est la nourriture sans cesse renouvelée de notre vie. Lorsque nous mangeons son corps et que nous buvons son sang sacré, ce qu’Il a dit s’accomplit : celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. La prière au Christ gravite autour de ce mystère.

La prière au Père

Le Père , c’est cette puissance, cette volonté sainte, cette patrie éternelle dont on sent la présence tout autour du Christ et qui s’évanouit aussitôt que nous nous éloignons de Lui. Si nous voulons aller au Père, il faut faire route avec le Christ, il faut nous servir des mots du Christ pour nous adresser à Lui. Il faut épouser les sentiments du Christ pour le chercher et pour le comprendre. Aussi est-il indispensable de méditer constamment sur la vie de Jésus, de s’assimiler à Lui, d’obéir à ses paroles.  Celui qui néglige de le faire tombe dans le profane. Les mots du Notre Père ont un sens aussi précis qu’infiniment profond. Mais ils ne le prennent que lorsqu’ils sont compris dans l’esprit même du Christ. Le sens du Notre Père  devient précis par les enseignements qui l’encadrent dans l’Evangile de Saint Matthieu et que nous appelons le sermon sur la montagne.
Parce que l’oraison dominicale est riche, vrai et simple, elle a facilement un autre sort, elle est récitée distraitement, sans respect, sans pénétration intérieure. Le chrétien doit dire le Notre Père avec recueillement et réflexion et mettre son cœur dans les paroles qu’il prononce.

La prière au Saint Esprit

Accepter et comprendre le Christ n’est possible que par l’intervention de celui qui est son égal et dans la force de qui le Fils de Dieu est devenu homme : le Saint Esprit.  C’est lui qui dessille les yeux, ouvre l’intelligence et remue le cœur. Cela nous éclaire assez sur ce que signifie avant tout la prière au Saint Esprit. C’est Lui demander qu’il nous donne le Christ. Le Christ, personnage de l’Histoire, voit ses traits voilés par des ressemblances que nous lui trouvons par notre volonté humaine, le Saint Esprit m’aide à le discerner.  Le Christ est attaqué et son message est noyé dans un torrent de malentendus, de déformations et d’hostilités. C’est l’Esprit qui doit donner à mon cœur et à mon intelligence l’assurance indispensable pour que je puisse trouver le chemin qui conduit à Lui. Le Christ est le seul, l’Unique et en même temps la Vérité. C’est le Saint Esprit qui doit m’enseigner cette connaissance de Jésus Christ. Le Saint Esprit doit éveiller en moi l’amour du Christ. Il nous apprend à comprendre le Christ et dans le Christ Dieu. Le Saint Esprit a réponse à toutes les questions auxquelles aucune sagesse ne saurait répondre. Il est l’humilité divine dont l’action est cachée. Il est oubli de soi et veut nous donner le Christ. Nous avons besoin de l’espérance et celle-ci est l’œuvre du Saint Esprit.

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