Le recueillement ouvre à la
prière l’espace intérieur. En réalité, il vaudrait mieux dire que cet espace
est « dans l’esprit ». Très précisément dans le « Saint
Esprit ». Dieu est venu, Il est près de nous. Nous nous tournons vers Lui
avec amour et nous tenons devant Lui par la foi. C’est ce qui constitue
l’espace sacré..
Dieu par sa venue, crée l’espace vivant que l’homme
découvre par le recueillement et dans lequel il se tient quand il est
recueilli.
Dans le recueillement, l’homme qui prie dit :
« Dieu est ici et moi aussi ». Il faut cependant se rendre bien
compte que Dieu est présent de manière différente qu’un objet ou une autre
personne. Je suis là simplement devant Lui et par Lui. C’ est une très
grande notion et cela concerne tout
particulièrement l’adoration.
Mais qui est Dieu : celui qui a créé ? Son
souffle ? Le sens des choses, la réalité ? Il est Lui. L’alpha et l’omega de toute
révélation, c’est le témoignage que Dieu est Lui-même.
Comme devant Moïse quand Il donne son nom et
dit : « Je suis celui qui suis ». Il existe de par Lui-même et
en Lui-même, il se suffit à Lui-même, Il est maître de Lui-même, libre et
responsable de Lui seul. Cette pleine souveraineté sur Lui même est le propre
de son essence.
Il est Lui-même , Il est personne, la Personne et
l’homme est personne uniquement parce que Dieu l’appelle .
C’est à ce
Dieu que s’adresse la prière.
L’homme est à l’image de Dieu.
Ce n’est pas la même chose de parler de la face de Dieu et du visage de
l’homme. Car si le visage de l’homme exprime ses sentiments, ses désirs etc, le
visage de Dieu exprime quelque chose de nettement plus profond, de plus grand.
Le recueillement est le premier pas qui nous
introduit dans la prière. Le second pas est la prise de conscience de la réalité
de Dieu et la compréhension de la condition de créature. Le troisième pas est
la recherche de sa Sainte Face. Dieu est celui qui me connaît et qui s’adresse
à moi. Je ne suis rien devant Lui mais il Lui a plu de m’appeler et de
m’établir dans une relation avec Lui telle que je sois seul avec Lui. La prière
est l’entrée dans ce mystère d’amour. C’est ce qu’on doit comprendre quand on
dit que l’homme doit chercher la Face de Dieu. Nous avons rarement conscience
que Dieu est présent quand nous sommes entourés de tant de choses. Il faut que
j’aille le chercher au delà de tout cela avec la Foi. Il me faut trouver la
relation intérieure avec Dieu dans le dialogue avec Lui et la rétablir chaque
fois que je l’ai perdue. La prière se transforme souvent en monologue au cours
duquel nous débitons des mots. Nous devons donc continuellement faire l’effort
de revenir au dialogue.
Dieu seul peut faire apparaître notre vrai visage,
celui avec lequel nous avons été réellement créés.
Jusque là, nous avons parlé de discipline
intérieure. Maintenant, nous devons aborder le sujet de la discipline
extérieure.
Abordons ensemble la discipline du temps, elle est fondée sur les rythmes de la lumière, de
l’activité humaine etc. Le jour se renouvelle chaque matin et s'achève avec la
nuit qui est une préfiguration de la mort, des fins dernières. Entre ces deux
pôles il y a le travail, la lutte, l’action, le destin, la croissance, la
fécondité, les dangers. Tout cela s’exprime dans les prières du matin et du
soir. La semaine est constituée de six jours de travail et d’un jour de repos.
Six jours l’homme doit servir, le septième, il se repose. Le commandement du
Seigneur est lié à la loi naturelle du septième jour. Ce septième jour cache le
mystère du repos de Dieu. Le repos de l’homme ne prend son sens profond que
dans le repos de Dieu. C’est à lui que l’homme doit s’ouvrir. Au mystère du
repos de Dieu est lié le mystèe de la résurrection du Christ. Elle apporte au
jour du Seigneur le triomphe de la victoire rédemptrice et la conscience de la
création nouvelle. Ainsi le dimanche est le jour du Seigneur et par là même le
jour de l’homme. Remarquons l’importance du samedi soir pour le dimanche. Aux
yeux de l’Eglise, chaque journée commence la veille au soir . Le jour dépend de
la manière dont nous avons passé la nuit.
Ce qui est le plus parlant du temps qui passe est
l’année avec les saisons. Elle dépend de la course du soleil et de la
floraison, les fruits etc soit de l’éveil au déclin de la vie. Elle trouve son expression religieuse dans l’année
liturgique de l’Eglise où les évènements de la vie du Christ sont liés à la
marche de la vie solaire et du rythme de la vie. On recommence ainsi
continuellement à commémorer la vie du Seigneur, à revivre la rédemption. La
vie avec la liturgie, la lecture d’ouvrages appropriés, telle ou telle coutume
familiale peuvent faire beaucoup pour colorer diversement la prière personnelle
en lui donnant un contenu nouveau. Ici, se trouve l’importance de l’église dans
la vie de chacun. Autrefois, c’était une évidence, on allait à la messe,
on avait un crucifix chez soi. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. D’où
l’importance que chacun développe en lui le sentiment d’être chez lui dans la
maison de Dieu. On peut rentrer dans une église de temps en temps au fil de nos
occupations quotidiennes pour y chercher le repos et le recueillement, le
courage et la force, la consolation. Il est plus difficile d’imposer à la
maison un lieu sacré. Une image sainte ne sert pas seulement à rappeler une
présence. Elle manifeste son influence dans la maison. Elle met en garde, met
de l’ordre, avertit. Le monde appartient à Dieu et à Dieu appartient cette
image en miniature qu’est la maison.
Il y a des usages qui sont bons comme la prière de
table que l’on récite debout et ensemble. Autrefois, le repas était un acte
religieux pour tous les peuples. Il est souhaitable que la maman prie matin et soir
avec ses enfants en faisant de ce moment un vrai moment de recueillement. Elle
doit faire entrer dans ce moment les évènements de la vie afin que soit portée
devant Dieu la réalité de la vie de la famille. La prière ne doit pas se servir
tout le temps des mêmes pensées ni des mêmes mots Il faut aussi ne pas écourter
la prière, en faire un temps réservé. On ne doit pas oublier non plus que l’attitude
et les gestes comptent énormément. Ils expriment ce qui se vit dans le fond de
l’âme. La position dans laquelle on prie n’est pas indifférente. On doit
prendre une position de respect dû à Dieu. L’attitude aide l’âme dans la voie
du respect et du recueillement intérieur. La prière à genoux reste l’attitude
essentielle. C’est une attitude de discipline et non de confort qu’on peut bien
garder quelques minutes . La position debout est belle. Elle indique la
disponibilité : me voici Seigneur.
La position assise est bonne elle aussi à condition
que ce ne soit pas une occasion de laisser aller. Elle convient à la méditation
ou pour demeurer en silence avec Dieu. Les gestes peuvent être sacrés. Il en
est ainsi du signe de croix. Il est l’expression de la foi, de l’adoration. Il
est important de se rappeler l’importance des gestes pour bien faire les signes
sacrés.
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