Voici une dernière série d’attributs de Dieu.
Il est puissant et riche, prompt à donner son aide
et généreux. Il se soucie de l’homme, il l’estime et il l’aime. C’est vers cet
aspect de Dieu qu’est dirigé ce mouvement de prière : la prière de demande
et l’action de grâce.
Dieu est esprit, c’est un Dieu vivant. Il est le
Créateur et l’inépuisable, proche et bon. Il ne se contente pas de jouir de sa
propre richesse, Il la partage. Il est l’infiniment généreux qui ne s’appauvrit
jamais et n’est jamais déçu car Il ne dépend pas de ce qu’on pourrait lui
donner en retour. Il donne en créant. La révélation nous dit qu’il aime l’homme
et qu’il s’intéresse à lui. La révélation est remplie de cet amour de Dieu tout
au long de l’écriture sainte et Jésus est rempli de cet amour. Cet amour est digne de Dieu et de l’homme en
tant que personne. C’est pour cela que Dieu respecte l’homme, l’ayant voulu
personne digne et responsable, Il se comporte comme il convient vis à vis d’une
personne.
La prière de demande
C’est à ce Dieu que s’adresse la prière de demande. Elle
jaillit parce qu’elle correspond à la nature de Dieu et à la vérité de l’homme.
Un enfant dans le besoin se tourne vers sa mère. De même l’homme tourne son
cœur vers Dieu. Pour recevoir notre pain quotidien, c’est à dire tout ce dont
nous avons besoin pour vivre, nous nous tournons vers Lui. Quand les disciples
se tournent vers Jésus pour qu’Il leur apprenne à prier, Il leur donne le Notre
Père qui est une prière de demande complète. Nous devons tout demander, ce qui
est nécessaire à notre vie mais aussi la force pour notre travail, le secours
dans la détresse spirituelle, le courage dans le combat moral, la connaissance
de la vérité, notre croissance dans l’amour et dans le bien. Notre vie est
fonction de Dieu, tout ce que nous faisons vient de Dieu et doit aller vers
Dieu. La prière de demande est plus qu’un appel au secours. C’est l’expression
d’une réalité : l’homme n’existe que par Dieu et il tient tout de
Lui : force, liberté, vie, destin. La prière de demande ne doit pas
oublier le prochain. Il est beau d’exposer dans la prière tous ceux que l’on
aime, d’exposer à Dieu leurs difficultés, leurs besoins particuliers et leurs
désirs. C’est devant ce Dieu que nous portons les grands intérêts de notre
communauté : les décisions de l’Histoire, les besoins de la nation, les
misères du temps. Chacun est responsable des misères du monde.
Parfois, on remet tout en question. Par exemple,
dans une grande détresse, on a prié et on a le sentiment de ne pas avoir été
exaucé, de plus, en s’endurcissant avec le temps, l’homme apprend à se
contenter de ce qu’il peut atteindre . C’est le découragement. Or, il est
nécessaire que la foi soit plus forte que le sentiment. Il faut prier l’amour
de Dieu même quand le cœur trouve que cela n’a pas de sens. L’homme s’apercevra
alors qu’il a été exaucé mais d’une manière tout autre que celle à laquelle il
avait pensé.
Certaines personnes vivent des choses où tout semble
toujours tourner mal. Il y a un besoin d’amour humain qui ne semble plus
exister. Tant que cet amour lui manque, l’homme doit s’en tenir à la foi qui
lui dit que Dieu l’aime.
Quand Dieu nous paraît lointain, il faut se dire que
Dieu est réel et s’accrocher à cela. Sa
réalité est d’une nature tellement élevée.
On peut aussi avoir l’impression que Dieu est faible
face au monde. Or, la vie de chacun est
liée aux conditions extérieures, aux capacités intérieures et au passé. Il faut
se rendre compte que si l’expérience compte une part de vérité, celle-ci n’est
que limitée. La réalité reste dans la main de Dieu, Dieu aime l’homme et veut
entrer en accord avec son cœur et sa volonté. La liberté de l’homme devient le
point de départ d’une transformation du monde. Comme souvent, on a l’impression
que c’est le matériel qui domine, je dois faire un effort pour me plonger dans
la réalité éternelle et infinie de Dieu et me rendre compte que tout n’existe
et ne subsiste que par lui et devant lui.. Le point où Dieu applique son action
est le cœur de l’homme, sa volonté et son amour vivants.
L’orgueil peut lui aussi fermer les portes à la
demande. L’homme trop fier ne veut pas prier. Or la fierté est un
endurcissement qui détruit tout. Nous vivons de la grâce de Dieu et la vérité
aussi bien que l’humilité consistent à le reconnaître et à agir en conséquence.
La prière de demande est de tous les temps. Elle
n’est pas seulement du temps de la détresse.
Elle est un appel constant à la puissance créatrice et à la grâce
sanctifiante. C’est pour cela qu’elle implique tout le temps : « non
pas selon ma volonté mais selon la vôtre ». La plus grande part de notre
vie appartient au secret de Dieu. Notre prière doit tenir compte de cela. Il
nous faut accepter ce que Dieu juge bon.
Dans toute demande, il y a la volonté de celui qui
la fait. Pas seulement la bonne mais
aussi la mauvais sous forme d’égoïsme qui considère notre existence comme le
centre du monde. Il faut accepter que notre demande soit soumise au jugement de
Dieu. Elle peut être écartée ou modifiée par Lui. La demande des demandes
c’est : que votre volonté soit faite.
La prière de demande ne s’adresse pas qu’à la
justice et à l’ordre mais surtout à l’amour de Dieu vivant. L’amour est liberté. Cette prière n’a
rien d’autre à faire valoir que la détresse, le besoin, l’appel pour que
l’amour de Dieu agisse et crée, sans autre cause que lui-même. Que votre
volonté soit faite et non la mienne signifie en définitive : que votre
amour agisse.
La reconnaissance
Sitôt exaucée, la demande se mue en reconnaissance qui
jaillit spontanément du cœur. Par elle, l’homme répond aux dons de Dieu. Cela
doit se faire en tout temps et pas seulement quand une prière a été exaucée.
Cela consiste à reconnaître que tout ce que nous sommes et tout ce que nous
possédons vient de Dieu. On l’admet et on le remercie. L’exemple des dix
lépreux nous montre combien il est grave d’oublier la reconnaissance. L’univers doit son origine
à al liberté de Dieu et cette liberté est amour, c’est pourquoi elle peut avoir
comme réponse la reconnaissance. Remercier Dieu d’avoir créé le monde est un
acte grand et conforme à la vérité et à la réalité .
Il ne va pas de soi que nous existons. Et il ne va
pas de soi que les autres hommes existent. Les relations humaines découlent de
rencontres. Ou de la vie (parents enfants). L’homme auquel nous sommes lié nous
est donné. Pour cela aussi nous devons être reconnaissants.
En ce qui concerne les événements, aucun n’échappe
aux lois de la nature et de l’esprit. Mais ces lois ne sont qu’un instrument
dans la main de la liberté créatrice de Dieu et l’expression de la fidélité de
son acte créateur. Tout ce qui arrive est un don ainsi peut-on et doit-on
rendre grâce pour toute chose.
La reconnaissance s’exprime ainsi : Je vous
remercie mon Dieu, de ce que je subsiste par vous. Je vous remercie de pouvoir
connaître grâce à votre lumière, agir par votre force, être sanctifié par votre
amour. C’est dans cette perspective que nos relations avec les hommes, avec les
choses, les évènements prennent leur véritable sens. Les uns et les autres se
présentent à moi non seulement comme partie de l’univers auquel moi aussi
j’appartiens, mais comme les messagers et le formes de l’amour agissant de
Dieu.
Il existe une forme divine de cette reconnaissance.
Nous avons commencé à l’aborder en parlant de la louange. C’est rendre grâce à
Dieu .
Le matin, quand on se réveille frais et dispos,
c’est le moment idéal pour rendre grâce à Dieu. Je vous remercie de ce que je
respire et ce que je suis. Je vous remercie pour tout ce que j’ai et ce qui m’entoure.
Après avoir mangé, on peut dire, je vous remercie pour ce repas que j’ai goûté
et qui est un don de vous. Et le soir, on peut dire : si j’ai vécu,
travaillé, etc aujourd’hui, c’est grâce à vous, au don de vous Pour cela, je
vous remercie.
Nous devons remercier pour la foi. Pour ce qui est
caché et sacré entre Dieu et nous. Nous devons remercier, même si cela est
difficile, pour tout ce qui nous arrive, même si c’est amer et dur. Car c’est
figure et messager de la grâce. Portée par la foi, la gratitude peut
transformer toute difficulté.
La
Sainte Trinité et la prière
La relation entre Jésus et son Père n’est pas la
même qu’entre le Père et chacun d’entre nous. Le Christ a bien vis à vis du
Père une attitude d’obéissance mais ce n’est pas celle des créatures face au
Créateur. Son obéissance est de plain-pied avec le commandement du Père. L’une
et l’autre sont de nature divine. Devant la face du Père, il y a la face du
Fils, toutes deux divines. Mais il y a aussi une troisième face, celle de l’Esprit
Saint que Jésus annonce pour la Pentecôte.
Dieu, Unique et Un, solitaire dans sa seigneurie
inaccessible, possède la communion à l’intérieur de Lui-même. C’est cela qui
constitue la révélation suprême qui est contenue dans les mots Dieu vivant et
Dieu riche. Dieu est fécond. le mystère de la naissance s’accomplit en lui. De
toute éternité Dieu est Père et il est Fils (héritier de la vie). Comme Père,
Dieu donne au Fils la plénitude de sa vie et de son être propres. Mais celui-ci
ne s’en va pas pour devenir un Dieu autonome. Il demeure dans l’unité vivante,
il se retourne vers le Père, dans l’amour. Il est sur le sein du Père comme le
dit le Prologue de Saint Jean. La pleine liberté du Fils se réalise dans que
son autonomie ne brise l’unité divine grâce à l’intervention d’une force sainte
qui a son tour est quelqu’un et a un nom : le Saint Esprit. Le Saint
Esprit est l’amour qui lie le Père et le Fils.
La révélation s’est accomplie en nous dévoilant ce
mystère de Dieu ; la rédemption signifie que l’homme est introduit dans ce
mystère. Le Fils éternel, le Logos, est entré dans le monde est devenu chair et
il a partagé notre existence. Par là même, il nous a fait entrer dans la
sienne. Il nous a enseigné le mystère de la nouvelles naissance : l’homme
qui possède déjà sa première vie doit être introduit dans les profondeurs du
sein de Dieu et y naître à une nouvelle existence. L’homme ira au Père comme
son Fils, non par sa nature mais par la grâce. Et cela s’accomplit dans la
force de l’Esprit Saint qui veut être son ami et son soutien. La prière du
chrétien est la communion avec Dieu.
La prière à Jésus Christ
C’est le Christ qui ouvre l’accès au Dieu
trinitaire. Il est la porte comme Il l’a dit Lui-même. L’adaptation sacrée que
doit accomplir la prière pour devenir chrétienne commence lorsque celle-ci
s’établit dans un rapport correct envers le Christ devenu notre frère. Prier le
Christ signifie entrer dans une relation où nous regardons sa face, l’apprendre
et l’accomplir. Prier le Christ ne signifie pas essentiellement adorer et
demander son aide. La véritable prière au Christ est celle qui réalise la
relation dans laquelle Il nous fait entrer. Nous demandons au Christ qu’Il nous
donne son amour et nous accoutumons notre cœur à entrer dans cet amour tellement
différent de ce que notre nature appelle amour. Nous entrons dans l’acte
rédempteur du Christ et nous lui demandons de nous représenter devant son
Père. Dans la prière qu’il adresse au
Christ, l’homme cherche la face du Fils qui est devenu homme pour nous et il le
fait avec confiance, parce que le Christ n’est pas simplement un personnage de
l’histoire qui a jadis et n’a laissé derrière Lui d’autre traces que ses œuvres
et ses actions. Le Christ est vivant, Il a existé, il existe encore et Il
existera éternellement.
Saint Paul revient constamment sur cette présence
mystérieuse du Christ non pas au dessus ou à côté de nous mais en nous. A sa
résurrection il est redevenu homme au sens plein mais cette humanité a été
transformée, spiritualisée, divinisée. Il est soustrait aux limites de
l’espace, du temps, des choses et Il est capable de pénétrer jusqu’au secret
réservé de l’âme humaine, sans en blesser la dignité. Le Christ vit dans celui
qui a la foi et celui-ci vit en Lui. Croire, c’est être convaincu et pénétré de
cette relation. Prier le Christ, c’est la réaliser par la prière. Par
l’Eucharistie, le Christ est la nourriture sans cesse renouvelée de notre vie.
Lorsque nous mangeons son corps et que nous buvons son sang sacré, ce qu’Il a
dit s’accomplit : celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi
et moi en lui. La prière au Christ gravite autour de ce mystère.
La prière au Père
Le Père , c’est cette puissance, cette volonté
sainte, cette patrie éternelle dont on sent la présence tout autour du Christ
et qui s’évanouit aussitôt que nous nous éloignons de Lui. Si nous voulons
aller au Père, il faut faire route avec le Christ, il faut nous servir des mots
du Christ pour nous adresser à Lui. Il faut épouser les sentiments du Christ
pour le chercher et pour le comprendre. Aussi est-il indispensable de méditer
constamment sur la vie de Jésus, de s’assimiler à Lui, d’obéir à ses
paroles. Celui qui néglige de le faire
tombe dans le profane. Les mots du Notre Père ont un sens aussi précis
qu’infiniment profond. Mais ils ne le prennent que lorsqu’ils sont compris dans
l’esprit même du Christ. Le sens du Notre Père
devient précis par les enseignements qui l’encadrent dans l’Evangile de
Saint Matthieu et que nous appelons le sermon sur la montagne.
Parce que l’oraison dominicale est riche, vrai et
simple, elle a facilement un autre sort, elle est récitée distraitement, sans
respect, sans pénétration intérieure. Le chrétien doit dire le Notre Père avec
recueillement et réflexion et mettre son cœur dans les paroles qu’il prononce.
La prière au Saint Esprit
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